Les sous-mariniers : sournois, injuste, et et sacrément peu anglais ?

Ens1 Matt Ladouceur
CANSUBFOR

Joli rouge” : c’est ainsi que les Français désignaient le drapeau que les pirates brandissaient lorsqu’ils ne voulaient pas faire de prisonniers. Le drapeau rouge uni a été remanié à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle, jusqu’à ce qu’il devienne le standard que nous connaissons aujourd’hui sous le nom anglicisé de “Jolly Roger”.

Mais qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous imaginez une tête de mort ? De mauvaises choses, des pirates, un avertissement de poison sur une étiquette ?

Qu’en est-il des sous-mariniers ?

Peu de gens connaissent le lien qui existe depuis longtemps entre la communauté sous-marine et le Jolly Roger. Comme la plupart des traditions de la Marine royale du Canada, celle-ci tire son origine des Britanniques, plus précisément des commentaires du premier seigneur de la mer, l’amiral Sir Arthur Wilson. Il a qualifié l’avènement de la guerre sous-marine de “sournoise, injuste et sacrément peu anglaise” et a soutenu que les sous-mariniers ennemis devraient être pendus comme des pirates lorsqu’ils sont capturés.

Bien entendu, il ne parlait pas des sous-mariniers de la Royal Navy (RN), mais ces derniers se réjouissaient de cette caractérisation et adoptaient volontiers le Jolly Roger. L’un des premiers exemples remonte au matin du 13 septembre 1914, lorsque le sous-marin de la marine royale His Majesty’s Ship (HMS) E9 a torpillé et coulé le croiseur allemand SMS Hela dans la baie d’Helgoland. Pour marquer leur réussite – et, on s’en doute, pour faire un pied de nez à la caractérisation de l’amiral – le capitaine du E9, le Capitaine de corvette Max Horton, a fièrement, et peut-être par défi, fait flotter le Jolly Roger en rentrant au port.

“Le Jolly Roger est devenu un symbole associé à la communauté sous-marine canadienne et à d’autres communautés”, a déclaré le Capitaine de vaisseau Alex Kooiman, commandant de la force sous-marine canadienne. “C’est un emblème auquel nous nous identifions et qui nous distingue. Il nous relie à notre passé, façonne notre culture actuelle et renforce l’esprit de corps qui nous servira tout au long de notre voyage vers la force de l’avenir.”

Le Jolly Roger standard a subi de nombreuses modifications spécifiques aux sous-mariniers pendant la Seconde Guerre mondiale. Les sous-marins de la RN modifiaient leur pavillon après des missions réussies en utilisant une série de représentations codées. Une barre blanche était ajoutée pour le naufrage d’un navire marchand ennemi ; pour un navire de guerre, la barre était rouge. La lettre “U” indique la destruction d’un U-boat. Les opérations clandestines sont sanctionnées par un “poignard”. Les commandants d’escadron pouvaient présenter des drapeaux, mais ceux-ci étaient généralement confectionnés par les équipages des bateaux à l’aide du matériel disponible. Par exemple, le Jolly Roger original du HMS Upholder a été cousu à partir de rideaux occultants utilisés lors d’une visite à Malte.

Le Jolly Roger est encore utilisé aujourd’hui par les marines du Commonwealth. Pendant la guerre des Malouines, il est apparu sur le HMS Conqueror après que ce sous-marin eut coulé le General Belgrano de la marine argentine. Plus récemment, l’équipage du NCSM Victoria a hissé la tête de mort pour marquer le succès du tir de la torpille Mark 48 lorsqu’il a coulé la coque de l’USNS Concord lors de l’exercice multinational RIMPAC en 2012.

Nos cousins australiens du navire australien Oven de Sa Majesté ont également hissé le drapeau après leur premier tir réel d’une torpille Mark 48. Le drapeau a même été brandi par nos voisins du sud et a été aperçu flottant sur l’USS Jimmy Carter à deux reprises dans le Puget Sound en 2017, pour des raisons inconnues.

La communauté contemporaine des sous-marins canadiens continue d’adopter la tradition du Jolly Roger. On peut observer le logo emblématique de la tête de mort sur les écussons de moral, dans le décor des mess, sur les articles de l’équipage et sur la peau de nombreux sous-mariniers. Pour cette petite communauté très unie, le Jolly Roger est un identifiant visuel aussi unique que le service sous-marin.

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